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La ruelle
29 mai 2009

Féminité et philosophie

femmepenseurLa philo est un domaine très masculin qui demande énormément de rigueur. Or, la rigueur n'est pas propre aux hommes ; n'importe qui peut l'acquérir avec de la volonté.
Jusqu'à mes 20-21 ans, je n'assumais pas bien mon identité sexuelle. Je voulais qu'on me voit avant tout comme un individu, non exclusivement une fille. J'ai donc fait fi de ma nature pour raisonner comme un individu non sexué devait l'être. Mais mon endometriose a modifié cette façon de voir. J'ai eu un souci typiquement féminin. Un souci hormonal qui me donnait des humeurs. Or, les humeurs ne sont pas compatibles avec la raison. Je me suis sentie trop "fille".
Lorsqu'une femme énonce, dans son discours philosophique, un peu de psychologie ou fait intervenir des émotions, on la juge, on trouve qu'elle pense mal. Lorsqu'un homme fait de même, on se dit qu'il a certainement des raisons de la faire. Autrement, le discours d'un homme est pratiquement à chaque fois jusfifié tandis que celui d'une femme est presque à chaque fois stygmatisé de façon à ce qu'on se dise "ah mais les femmes ne savent que réagir selon les émotions, non raisonner".
Philosopher, c'est etre carré dans sa tête. Cartésien.
Pour ma part, je ne jure que par la logique. Ma phrase fétiche ? "C'est une question de logique !" Mais aujourd'hui que je suis une jeun femme, je ne peux pas faire semblant d'être un homme. Je ne peux plus faire semblant d'etre seulement un individu, car je suis aussi ue femme. Ce qui ne sous-entend pas, bien entendu, un conception regressiste selon laquelle une femme est "vieille fille" dès 30 ans si elle n'est pas mariée et si elle n'a pas d'enfants, version Chara Sheller. Une femme, de ce point de vue, est tout autant individu et citoyenne qu'un homme. Mais la biologie féminine inclut, non pas un raisonnement typiquement féminin, mais une nuance dans le raisonnement.

A la fac, il y a du machisme. Il y a une sorte de consensus professoral selon lequel une femme doit prouver la justification de son discours, de son raisonnement pour être prise au sérieux. J'en ai déjà fait les frais avec certains professeurs. J'aurais été un homme, j'aurais moins eu droit à ces "quelle audace, mademoiselle !" ou bien "ne continuez pas dans cette voie". Bon, admettons que ces profs se soient permis les mêmes indélicatesses si j'avais été un homme ; j'aurais été vexé et aurais changé mon discours, donné à mes arguments plus de poids. Bref, j'aurais plus raisonné. Mais pourquoi me sens-je victime en tant que femme ? Par méfiance ? Par féminisme ? Je ne revendique qu'une justesse, rien d'autre. En public, je suis individu ; en privé, je suis femme.

Mes études de philosophie m'ont apportée de la rigueur, mais aussi un déni de mon identité naturelle. Lorsque j'ai voulu mettre en avant ma nature féminine qui se faisait sentir organiquement, j'ai eu la nette sensation qu'on me prenait pour une sotte. N'était-ce là qu'impression, justement ? Il y a trop encore d'ambiguité pour savoir si cette impression était exacte ou pas, donnant une idée ou restant au stade de sensation. Quoi qu'il en soit, physiquement j'assume plus ma féminité. Pas besoin de consulter un psy, c'est le temps qui a résolu ce souci.

La liberté est une notion abstraite. La féminité également ? Elle repose tout de même sur une réalité organique, mais devient injuste lorsque le raisonnement (masculin) s'en sert comme d'un argument réducteur. 

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