Ce qu'on nous dit pas
Il est temps d’en finir avec la soumission au Capital !
La crise financière occupe le devant de la scène et inquiète à juste
titre. L’assujettissement de l’économie réelle au bon vouloir des
marchés financiers vient brutalement de démontrer toute sa nocivité.
Les salariés et leur famille sont appelés à en subir les
conséquences : blocage des salaires, plans de licenciements, hausse
des impôts, baisse des dépenses publiques et sociales, moins de
services publics … Accepterons-nous, sans lutter, de nouveaux
sacrifices ?
Chacun est en droit de savoir, de comprendre et d’exiger que ceux qui
se sont enrichis durant des décennies de spéculation soient dénoncés
et assument les dégâts. Les fortunes accumulées à cette occasion
dépassent de loin les 360 milliards du plan SARKOZY.
Plus fondamentalement, des questions doivent être posées et des
réponses collectives trouvées, par les seuls créateurs de richesses
réelles, les salariés qui représente 95% des actifs du pays.
La crise : accident ou inévitable ?
La « crise » est-elle un accident de parcours, dû à la malhonnêteté de
quelques spéculateurs ou était-elle prévisible, voire prévue et
assumée par les capitalistes ?
Ce sont les fondements même du système qui induisent ces périodes
d’instabilité. Le principe du capitalisme est de faire du profit sur
le travail humain en exigeant un rendement en hausse permanente par
rapport aux capitaux investis. Aussi bien pour les investissements
industriels que pour les sommes mises en bourse. Arrive toujours un
moment où la suraccumulation de capital ne permet plus de maintenir le
taux de profit à 2 chiffres exigé. Alors les bourses paniquent, les
paravents financiers se déchirent et les gouvernements, complices,
renflouent les caisses par les deniers publics sur le dos des
populations.
Cela peut paraître schématique, mais la crise précédente de même
ampleur, en 1929, s’est déclenchée sur les mêmes principes.
L’élément déclencheur d’aujourd’hui
Il est significatif du cynisme du système, qui, pour trouver de
nouvelles sources de profits, a inventé des crédits immobiliers à des
taux révisables suivant le bon vouloir des actionnaires des banques
américaines. Aspirant au mirage de la propriété, les familles modestes
américaines ont été poussées à souscrire ces contrats qui ont abouti à
un surendettement massif. Il s’agit donc d’une gigantesque spéculation
sur les emprunts des plus pauvres ! Ça nous rappelle Sarkozy pendant
sa campagne, déclarant en substance : « Je rêve d’une France de
propriétaires ». Mais il ne fut pas seul à cautionner en France ce
type de piège puisque cette forme de crédit date du début des années
90. Plusieurs gouvernements se sont succédés depuis et en ont perpétué
le principe.
La spéculation : un principe intangible du capitalisme
Au point de départ, les marchés financiers brassent l’argent issu de
la valorisation du travail réel, en spéculant sur les véritables
richesses créées et sur leur prévision future. Notre « démocratie »
garantit cette propriété privée et lucrative à une minorité de
rentiers, ce droit de prélever sur le travail des sommes monumentales
pour parier en bourse. Au rayon des idées reçues, il est habituel de
dire que « l’argent travaille ». Quel détournement de sens alors que
les profits des entreprises, cotées en bourse ou non, sont précisément
réalisés en faisant pression sur les salaires et les emplois, c'est-à-
dire contre le travail.
En France, la part des salaires dans le PIB a baissé de 10% au profit
du Capital depuis 25 ans (soit 160 milliards d’euros par an). Cela a
alimenté la bulle spéculative qui explose aujourd’hui sans que ceux
qui se sont enrichis jusqu’ici soient inquiétés. Ni ceux qui, par
leurs choix politiques, ont permis ce détournement de richesses en
encourageant les suppressions d’emplois, les blocages de salaires, les
exonérations des « charges » correspondant à une baisse de la part
socialisée du salaire.
Les spéculateurs et leurs donneurs d’ordre ont-ils disparu ?
Le hold-up est à l’œuvre depuis longtemps. Comment ne pas voir dans la
poursuite de l’instabilité des bourses mondiales une preuve que la
spéculation continue ! Les plus gros veulent rafler la mise et faire
payer les dégâts aux travailleurs. Leur objectif : une plus grande
concentration des capitaux entre les mains d’une minorité toujours
plus riche.
L’intégration européenne a été pensée pour favoriser le capital
De la liberté de circulation des capitaux (1986) à l’euro (2001), les
décisions prises par tous les gouvernements de droite ou de gauche
n’ont fait que favoriser la spéculation avec ses conséquences sur
l’économie des sociétés européennes.
Leurs choix interdisent toute initiative d’un Etat, quel qu’il soit,
qui s’appuierait sur l’expression d’une volonté populaire. Plus aucune
possibilité d’ajustement monétaire (contrairement aux USA et en
Angleterre qui ont conservé leur monnaie nationale) et plus de marges
budgétaires.
Depuis son origine, l’intégration européenne sert de prétexte pour
démolir tous les piliers mis en place, par la volonté des peuples,
pour reconstruire les économies dévastées par la 2nde guerre mondiale.
En France est visé un modèle social, économique et politique, inspiré
par le programme du Conseil National de la Résistance, s’appuyant sur
le salaire socialisé (la Sécu et les retraites) et sur l’existence
d’un vaste secteur public et nationalisé. Les fondements de ces deux
grandes conquêtes avaient pour but, la réponse aux besoins sociaux et
comme moyen, l’expropriation du Capital de ces domaines. Insupportable
pour les capitalistes !
Le démantèlement est édifiant
Après un temps où le pouvoir a tenté de nous convaincre que le système
bancaire français était sécurisé, le voile se déchire et le plan de
360 milliards, bâti dans la précipitation, démontre le contraire.
N’oublions pas que, depuis 1986, les gouvernements successifs se sont
privés des moyens d’empêcher la spéculation en privatisant à tour de
bras tous les instruments financiers à leur disposition. De la Société
Générale au Crédit Lyonnais, en passant par la BNP, les UAP, les AGF,
le GAN, le CIC, la CNP, le Crédit Foncier de France, au regard
d’aujourd’hui, quel gâchis !
Rappelons nous particulièrement du Crédit Local de France (issu de la
CAECL - Caisse d’Aide à l’Equipement des Collectivités Locales),
privatisé en 1991, qui s’est vu remplacé par la banque DEXIA, dont les
errements ont conduit au renflouement par les Etats Français et Belge.
Et durant tout ce temps, les taux de crédits pour les communes ont
explosé et ont été répercutés sur les impôts locaux.
Résistons à partir des outils qui ont fait leurs preuves !
Il nous faut repartir des fondements qui, après la 2nde guerre
mondiale, avaient permis un nouvel essor industriel s’appuyant sur les
prémices d’un progrès social.
D’abord en exigeant une augmentation générale et substantielle des
salaires, des pensions et des minimas de nature à inverser la tendance
de la répartition des richesses dans le PIB. En promouvant également
la notion de salaire socialisé que portent les valeurs et fondements
de la Sécurité Sociale.
Il doit aussi être question de reconstituer un vaste secteur public
nationalisé, véritable propriété publique et collective, dont les
objectifs sont décidés démocratiquement, à partir de pouvoirs nouveaux
des usagers et des personnels, d’intervenir quotidiennement dans sa
gestion et son fonctionnement.
Cela n’est pas possible dans le cadre de l’Union Européenne et de
l’euro. En sortir est aussi une des conditions à des coopérations
mutuellement avantageuses, entre des Etats et leurs peuples
souverains. L’exemple de l’accord antilibéral expérimenté en Amérique
Latine (ALBA) est un encouragement porteur de perspectives de
construction d’un monde débarrassé du capitalisme. Nous aussi, pouvons
suivre cette voie. Sachons lutter dans ce sens